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Le bonheur est sur le tracteur...

Publié le par Denis

Ce soir, j'avais tracteur comme d'autres ont piscine ou jogging. Au programme, girobroyeur sur l'ensemble des parcelles pour dompter cette herbe qui n'adore rien tant que l'eau et le soleil pour pousser.
Arrivé au chai, j'attelle le girobroyeur, manœuvre le tracteur, débraye la prise de force, descends du tracteur pour enclencher ladite prise de force en passant le bras sous le siège et pars vers les vignes. L'enclenchement de la prise de force ne respecte pas l'orthodoxie tracticole, mais c est normal car la barre de renvoi qui permet à la manette située sur le tableau de bord de mettre en marche la prise de force est cassée. Il faudrait que je la répare, mais pour l'instant j'ai juste inscrit cette tâche sur la déjà très longue "to do list" collée sur le frigo de la maison.


J'enchaîne les rangs, le girobroyeur fait son office, malbecs, merlots, suivi par 2 bergeronnettes qui profitent du festin d'insectes qui volent de part et d'autres du tracteur. Ça sent bon l'herbe coupée, le ciel est bleu, les vignes sont belles, pas une trace de mildiou et pas encore en fleur et je me remémore mon billet de l'an dernier à la même époque. Je croise le voisin qui replante sa parcelle de cabernet, un grand salut de la main, un lièvre qui s'échappe devant moi, plus loin dans le ciel, une buse guette sa proie. Bref, c est beau, je suis bien et mon esprit vagabonde. Je me dis qu'il faut que j'écrive tout ça sur le blog. J'ai déjà le titre avec une rime riche.


Quand tout à coup, un bruit sourd et inhabituel, se fait entendre derrière moi. Pieds sur le frein, j'arrête mon engin. À priori, un ceps mort ou un bout de piquet couché dans l'herbe à été avalé par le girobroyeur. Normalement rien de grave, je repars donc. Mais en me retournant, je constate que l'herbe n est plus coupée. Ça c'est déjà moins normal et je prie le saint des mécanos de ne pas avoir bousillé la tête de renvoi du gyrobroyeur. Arrivé au bout du rang, je relève le bazar et je me dit que je vais descendre du tracteur pour vérifier ce qui se passe. Non sans avoir d'abord coupé le contact vu que j'ai une confiance limitée en ma prise de force et que je ne voudrais pas me priver d'un bras si les lames redémarrent intempestivement. Et là, oh surprise, la clé n'est plus dans le contact. Mais, me dis-je, pourtant, le tracteur tourne encore...et elles sont pas dans ma poche... P&£¥* de b€@#°= j'ai paumé les clefs du tracteur en roulant !!! Et bien sûr le porte clefs est jaune verdâtre histoire de bien se voir dans la luxuriante végétation de nos parcelles. De toutes façons, repasser à pieds dans les rangs sur 2 hectares et demi, c est pas possible... Mais je fais quoi alors pour éteindre mon tracteur ? Je réfléchis mais y a rien qui vient. Je m'étais préparé psychologiquement à toute les pannes, mais pas à l'impossibilité de couper le contact... Je respire un grand coup, puis un autre, je me rappelle que le passé n'est plus, que le futur n'est pas, et que le présent est insaisissable (le tracteur lui, ronronne toujours...). Première idée, rentrer le tracteur à l'appentis, on avisera ensuite. En route, je me dis que je ne vais pas pouvoir attendre que le réservoir tombe à sec, je l'ai rempli à bloc et y en a pour 6 heures d autonomie. Il me revient alors de vieux souvenirs de mécanique aviation. Normalement, le moteur est alimenté en gasoil par une pompe électrique. Si je débranche cette pompe, le moteur ne sera plus alimenté en gasoil et va s'arrêter. Arrivé à l'appentis, je soulève le capot... tout est noir et recouvert de cambouis... Ça part pas franchement sur de bonnes bases. J'avise quand même un bloc blanchâtre relié par 2 fils électriques sur le dessus du réservoir. J'en débranche un, j'attends 2 minutes... rien, le moteur tourne toujours comme un coucou suisse. J'attrape une clé et me décide a débrancher ce que je pense être une durite d'alimentation du moteur en gasoil. Y a bien du gasoil dedans, mais il est tout chaud, il m'asperge de la tête au pieds et il coule dans le moteur. Là, je me dis que je vais finir par foutre le feu à mon tracteur si je continue. Du coup, finissant par reconnaître mon ignorance de la chose mécanique, j'appelle mon cousin mécanicien. La solution est bête comme la lune, il suffit tout simplement de faire caler le tracteur en enclenchant une vitesse et en débrayant tout en serrant le frein. Ben oui, ça te fait ricaner bêtement derrière ton écran cher lecteur, mais quand tu es confronté à une situation qui ne peut pas arriver (perdre les clés sans que le moteur se coupe, c'est quand même pas commun...), et bien tu perds tout moyen de réflexion.

 

Moteur calé, je suis rentré à la maison, puant le gasoil, une bonne douche et au lit. Fin d'une belle journée de m%$£*.

 

[Depuis vendredi, le cousin Jean-Paul est passé. Le contacteur du tracteur a été changé et la panne du girobroyeur est identifiée : un boulon qui fait office de "fusible" cisaille quand il y a un blocage et un risque de tout casser. Je le change demain et je finis la tonte.]

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J
<br /> Ben, j'ai pas du tout ricané… j'ai lui ça comme un thriller, on en redemandait encore. Mais bon à la douche de gas-oil, j'ai craqué… Ça fait du bien d'avoir un cousin mécanicien (ou par exemple,<br /> informaticien en d'autres circonstances). En tous cas dans mon jardin de ville, la vigne est en fleur, et ça sent sacrément bon!<br />
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