1/ La p'tite histoire des Trois Petiotes

Le domaine des Trois Petiotes est né en 2008, comme ma troisième petiote, Elsa.

Il nous faut vous dire : c'est un peu grâce à mes trois filles que je suis devenue vigneronne.

Certes, j'ai été élevée avec de doux nectars. Les merveilleuses vendanges tardives alsaciennes, les puissants vins jaunes du Jura, les bourgognes soyeux et les beaujolais joyeux.

Certes nous je me suis toujours intéressée à la dégustation des vins et à la bonne chère, moments de plaisir et de convivialité extrême.

Mais plus tard, en tant que cadre moyenne dans de grands établissements privés cotés au CAC 40... rien ne semblait me prédestiner à ce nouveau métier que je pratique aujourd'hui avec bonheur et passion.

Et pourtant, j'avais toujours choyé dans un petit recoin de ma tête, ce rêve un peu fou de pouvoir un jour poser sur la table une bouteille du vin que j'aurais fait de mes propres mains.

Alors voilà, en 2002, après la naissance de ma première fille, Léa, j'ai repris mes études pour apprendre comment on fabriquait ce breuvage culte. J'ai donc passé tous mes congés au CFPPA de Beaune pour les examens techniques et théoriques du BPREA viti-vini. Ces moments ont été pour moi de véritables bouffées d'air pur et de plaisir intellectuel et manuel qui me permettaient de supporter mon métier fort peu créatif !

Deux ans après est arrivée la petite Alys, et avec elle l'envie de commencer à aller plus loin dans le projet. Pour cela, il fallait bien entendu quitter la capitale et s'installer dans une région viticole, trouver un job  puis voir ce que je pourrais tirer de tout cela.

Le hasard des entretiens d'embauche a désigné Bordeaux comme point de chute. Changement d'employeur, changement de ville, changement de vie ! Nous avons découvert et appris à aimer notre nouvel environnement, nous nous sommes faits de nouveaux amis, mais je ne tirais toujours aucun plaisir de mon boulot, trop ennuyeux et trop peu satisfaisant sur le plan éthique...

Alors j'ai commencé à chercher des vignes, d'abord un petit fermage, car je n'avais pas beaucoup de sous. Puis, comme il n'y avait pas de petit fermage, une toute petite surface à acheter, car je n'avais toujours pas beaucoup de sous... J'ai persisté car je voulais vraiment transmettre à mes filles une autre image du travail que celle que je leur avais jusqu'alors proposée.

Et puis je les ai enfin trouvées, début 2008, alors que j'étais enceinte d'Elsa.

Trois petites parcelles d'un hectare chacune, qui me permettraient de me mettre à l'épreuve sans pour autant compromettre l'avenir des enfants.

Trois Petiotes, la p'tiote Malbec, la p'tiote Merlot et la p'tiote Cabernet. Trois caractères bien différents comme mes trois filles.

Depuis, les choses ont évolué pas à pas. La pérennité des vignes progresse, un chai est sorti de terre, plusieurs millésimes ont été mis en bouteille, ont quitté le chai. Des incidents météo et de santé ont parfois mis à mal ce fragile équilibre, compromettant les vendanges de 2016 et 2017, mais je n'ai pas baissé les bras. Aujourd'hui j'ai décidé de reprendre de nouvelles parcelles en fermage pour tenter de rebondir et afin d'aller plus loin sur le plan humain, technique, éthique et poétique !

Avec tous ces projets, les filles et les vignes, la vie est bien remplie, mais elle est ainsi tellement vivante, palpitante et pleine de sens !