2009 ?
Nous sommes maintenant à moins de 2 mois des vendanges. 2009 se présente bien d’un point de vue climatologique, même si du fait de notre retard sur les épamprages et les relevages, nous avons subi une attaque de mildiou sévère sur les Merlots. Les Cabernets et les Malbecs eux se portent plutôt bien, même si nos vignes ressemblent par certains côtés à une vraie forêt vierge.
Du coup les vendanges approchant, on se met à penser à ces 4 ou 5 jours pendant lesquels nous allons « rentrer le raisin ». Par superstition, on n’ose quand même pas y penser trop fort : 2 mois c’est long , et 10 minutes d’orage de grêle peuvent suffire à détruire nos 9 mois de labeur. Ou alors une pluie malvenue en septembre qui pourrait venir encourager le Botrytis (ou pourriture grise, son petit nom familier…) à coloniser nos raisins que nous devrions alors laisser par terre.…
Mais 2 mois c’est aussi court, pour organiser et préparer les vendange, recruter les vendangeurs, faire installer le 380V, se rappeler dans quel sens se monte le fichu piston du fouloir/égrappoir, mais aussi pour « imaginer » le vin que l’on veut faire et voir comment on peut le faire dans la boite à chaussures qui nous sert de chai. Entre nous, on jongle avec les cuves, les hectolitres et les cépages comme ce dialogue au petit déjeuner lors de notre récent séjour à « La Mare aux Oiseaux » genre :
D. : « je mettrais bien les Merlots dans la 1 (1ère cuve) et les Malbecs dans la 2 (2ème cuve...), puis on soutire 10 hl de Malbec et 10 hl de Merlot dans le Garde Vin pour faire le rosé avant ensuite de remplir la 2 avec le restant de Malbecs à ramasser et de compléter la 1 avec les Cabernets » [vous pouvez faire un dessin pour mieux suivre, c’est comme ça que nous avons fait…]
V. : « Ah oui, mais si le Garde Vin est plein on fait comment pour écouler et décuver ? »
D. :« !?!! (Bref silence perplexe de réflexion intense n’aboutissant à rien…) Faut réfléchir… »
[Reflexion intense aidée par une bonne tartine de confiture]
V. : « Et je préférerais que l’on soutire plus de Malbec pour augmenter la part de Merlot dans le rouge. On pourrait faire 18 hl de Malbec et 2 hl de Merlot dans le rosé ? »
D. : «Oui, mais n’empêche que l’on ne sait toujours pas où les mettre nos 20 hl de rosé »
V. : « Et le « cuvon » en résine ? on pourrait le mettre dans le « cuvon » le rosé... »
D. : « Oui, mais le « cuvon » il ne fait que 10 hl… »
V. : « Oui, et je crois qu’il fuit au niveau du robinet…Faut réfléchir… »
Depuis on a eu la solution, car Michel devrait nous fournir gracieusement un « cuvon » de 10 hl. Et comme 10 et 10 font 20, ça passe. Enfin, en théorie, on verra bien en pratique. Et puis, il faut vérifier et réparer le « cuvon » qui fuit…
Et au-delà de ces contraintes logistiques et du « Comment », il y a le « Quoi », quel vin voulons-nous produire? Ce qui donne un autre genre de dialogue (dans la voiture en rentrant de « La Mare aux Oiseaux ») :
D. : « Cette année, on ne mets pas d’enzyme pour extraire ? »
V. : « Non, que du raisin dans mon vin. Même pas de sucre si on est limite en degré ! » [Notez, c’est son vin]
D. : « Faudra peut être levurer si les fermentations patinent ? »
V. : « A priori, il y a pas besoin, le chai doit être ensemencé maintenant… Et puis, je voudrais faire macérer un peu plus longtemps, pour qu’il y ait du plus de fruit et de matière. »
D. : « Faudra voir… Parce que si c’est trop vert, il faudra pas faire trop macérer »
V. : « Oui, mais comme on sort 18 hl de Malbec pour le rosé, il y aura une dominante Merlot qui lui devrait être bien mûr… »
D. : « C’est vrai, enfin bon on verra… »
V. : « Oui on verra bien, on n y est pas encore… »… mais presque…